L’eau est notre ressource la plus précieuse.
Il suffit de se regarder dans un miroir pour s’en assurer : notre corps est fait à 70% d’eau. L’eau arrive sur terre sous la forme de pluie, elle fait couler nos rivières, verdit nos forêts, nourrit les plantes que nous mangeons et nous rafraîchit quand on a chaud. Il n’y a tout simplement pas de vie sans elle.
C’est pour cela que la collecte et l’utilisation de l’eau de pluie font partie de l’histoire de l’humanité. Pourtant, cette pratique a été largement délaissée en France comme ailleurs en faveur du forage des nappes d’eau souterraines et d’un système centralisé de distribution d’eau.
Ce système nous conduit à traiter l’eau avec indifférence et comme une ressource illimitée. On la fait couler à profusion quand on ouvre le robinet puis on s’en débarrasse dans les égouts.
Pourtant, les réserves d’eau douce sont limitées ; seulement 0,5 à 0,75% de l’eau sur la terre est douce et disponible. Les épisodes de sécheresses et les pénuries des dernières années en France en ont fait prendre conscience à la plupart des français. Durant l'été 2022 une centaine de communes ont eu recours à des camions citernes pour faire livrer de l’eau pour leurs habitants.
Cependant, le cumul annuel de précipitations change peu : il pleut toujours autant et surtout, partout en France il tombe plus d’eau de pluie que l’eau que consomment les français.
Ces constats font se rendre à l’évidence : il est crucial de transformer la relation que nous avons avec l’eau et de commencer à collecter et à stocker l’eau de pluie.
Et par chance pour ça, il suffit de commencer chez soi !
La collecte d'eau de pluie désigne la pratique de capter l'eau de pluie qui tombe du ciel et ruisselle sur une surface. On distingue :
Les bénéfices de la collecte d’eau de pluie sont nombreux. En collectant l’eau de pluie, que ce soit dans des cuves ou dans le paysage, on peut notamment:
Oui, l'eau fait partie du patrimoine commun de tous les Français et l'eau douce étant rare et vitale, la valorisation de l'eau de pluie contribue à l'interêt général. C'est la loi qui le dit.
Cependant il faut distinguer, comme le prévoit la législation française, 2 cas :
L’eau de pluie non traitée, aussi appellée eau brute, peut être utilisée à l’intérieur d’un logement (en excluant toute utilisation alimentaire), mais aussi à l'extérieur d’une habitation.
En d’autres termes, l’eau de pluie non traitée peut être utilisée pour un grand nombre d’usages comme :
Lorsque l'eau de pluie est rendue propre à la consommation humaine, soit potable, elle peut être utilisée pour tous les usages domestiques, au même titre que l’eau distribuée par le réseau public d'eau potable.
En d’autres termes, en plus des usages énumérés ci-dessus, elle peut être alors utilisée pour :
A l'échelle nationale il n'y a plus en 2024 de programme de subvention ou de crédit d'impôt pour les particuliers pour l'installation de système de collecte d'eau de pluie.
En attendant une réglementation nationale plus favorable à la valorisation de l'eau de pluie et le retour de ces incitations, des régions et des départements et des collectivités locales (villes, communautés de communes, chambres de l'agriculture) mettent en place des aides locales pour la collecte d'eau de pluie en subventionnant parfois jusqu'à 90% du coût d'installation du système.
On sait que l'eau tombe du ciel quand il pleut mais ensuite ?
Pour collecter l'eau de pluie, on utilise un système qui comprend plusieurs parties : le captage, le pré-filtrage, le stockage, le pompage, la filtration et le traitement, ainsi que la distribution, en fonction de l'usage prévu pour l'eau.
Le captage consiste à collecter l'eau de pluie pendant les épisodes pluvieux. L'eau ruisselle sur le toit, la surface de captage, se concentre dans les gouttières et est dirigée par la descente de gouttière dans les cuves.
Il est recommandé que l'eau pénètre dans les cuves après avoir passé un pré-filtre, dont la fonction est d'en éliminer les débris qui y sont accumulés suite à son ruissellement sur le toit et dans les gouttières.
Il y a des pré-filtres adaptés à tout type de contexte et usage souhaité pour l'eau. Ils sont essentiellement de 4 types :
La collecte et le pré filtrage sont clés car ils vont garantir la qualité de l'eau stockée. Une eau stockée contenant des feuilles ou d'autres matières organiques en décomposition sera susceptible de devenir malodorante. Les responsables de l'entretien du système devront donc s'assurer de la propreté du toit, des gouttières et du pré-filtre.
C'est la pièce centrale du système.
L'eau captée est acheminée par gravité vers la cuve parfois appellée citerne, récupérateur ou réservoir d'eau de pluie.
Son volume est déterminé en fonction de la pluviométrie locale, de la surface de captage et de la consommation d'eau prévue. La cuve étant l'élément le plus cher du système, son volume idéal est le volume le plus petit qui permet de couvrir les besoins de consommation demandés sans jamais être à sec.
Il existe des cuves de différents types, matériaux et tailles pour s'adapter à tous les contextes :
Quand l'utilisation prévue de l'eau est à l'intérieur de l'habitation, la cuve sera équipée d'une pompe de relevage qui emmenera l'eau de la cuve vers la maison. Il y a 2 catégories de pompes :
Pour un usage limité au jardin, la disposition d'un robinet sur le bas d'une cuve hors-sol ou aérienne permettra le tirage de l'eau. Dans ce cas, le positionnement de cette cuve à un point haut du terrain fournira par gravité, la pression nécessaire pour arroser la plupart du jardin.
Pour utiliser l'eau de pluie à l'intérieur de la maison, sa filtration est nécessaire.
Pour une utilisation de l'eau de pluie non traitée pour des usages limités (toilettes, lavage du sol…), une filtration est souhaitable pour réduire les matières organiques présentes dans l'eau et protéger le réseau d'eau non potable de la maison contre la sédimentation.
Pour une utilisation de l'eau de pluie intégrale (lave-linge, lave-vaisselle, hygiène corporelle, cuisine, consommation...), une filtration plus poussée et la stérilisation ou desinfection de l'eau seront indispensables pour des raisons sanitaires.
La filière de filtration consistera à une série de filtres de finesses croissantes et de types différents dont la fonction est de piéger toutes les particules résiduelles de matières organiques, pesticides…
La stérilisation par une lampe à UV permettra d'éliminer les éventuels virus et les bactéries présents dans l'eau.
Pour un usage à l'intérieur de l'habitation, après avoir été pompée filtrée et eventuellement stérilisée, l'eau est temporairement stockée dans un ballon surpresseur dont la fonction est d'emmener l'eau par pression vers les robinets et autres points de tirage de la maison.
Dans le cas d'une utilisation de l'eau de pluie dans la maison pour certains usages uniquement, la mise en place d'un réseau dédié à cette eau sera nécessaire, on parle habituellement de double réseau.
Ça y est : vous avez décidé de vous lancer et de récupérer l’eau de pluie !
Arrêtons-nous sur les étapes de la mise en place d'un système de récupération d'eau de pluie :
Un système bien conçu et entretenu avec soin fournira de une eau de qualité supérieure adaptée à de nombreux usages.
Le dimensionnement d'un système de collecte d'eau de pluie consiste à déterminer le volume d'eau à stocker en fonction de la demande, de la surface de captage disponible et des conditions climatiques locales pour garantir un approvisionnement en eau suffisant et adapté aux besoins.
Le dimensionnement d'un système de collecte d'eau de pluie commence toujours par une question: Que vais-je faire avec cette eau ?
Elle nous permet de déterminer :
Il est important de noter que plus la demande en eau est élevée, plus le volume d'eau stocké doit être grand et donc plus les coûts associés seront importants.
C'est pourquoi il est important de réfléchir à la manière dont on peut réduire sa consommation d'eau, notamment :
Pour calculer le volume d'eau de cette demande, on peut :
A la fin de cette analyse on a un bilan mensuel ou quotidien du volume d'eau à couvrir par l'eau de pluie.
La deuxième étape du dimensionnement est de répondre à la question suivante : A quel point puis-je couvrir ma demande avec de l'eau de pluie ?
Il s'agit donc de déterminer le volume d'eau de pluie qu'on peut collecter. Ce volume est la combinaison de la pluviométrie, la surface de captage.
La première chose dont on a besoin pour pour estimer ce volume est de connaitre la pluviométrie ou les précipitations pour sa localisation.
Les données de pluviométrie sont des mesures indiquant les quantités de pluie qui sont tombées sur un lieu donné pendant une période de temps donnée. Elles sont généralement exprimées en millimètre par mètre carré (mm/m2). 1 mm de pluie sur 1 mètre carré correspond à 1 litre d'eau.
On peut obtenir ces données de différentes manières :
La surface de captage est la surface à partir de laquelle vous pouvez récupérer l'eau de pluie. On la calcule en mesurant la surface de la projection au sol du toit de la maison.
On obtient le volume collectable en multipliant la surface de captage par la pluviométrie et par le coefficient de récupération du matériau du toit.
En comparant l'offre et la demande, vous observez que vous êtes parfois en excédent et parfois en déficit.
C'est le stockage de l'eau qui va permettre d'équilibrer l'offre et la demande.
Les cuves de stockage permettent de lisser les fluctuations de l'offre et de la demande d'eau en conservant l'eau collectée pendant les périodes de pluie pour couvrir les déficits en eau des périodes plus sèches.
Pour déterminer l'impact d'une capacité de stockage sur le système, on calcule le volume stocké dans les cuves en fin de journée ou de mois une fois l'excédent ou le déficit comptabilisé.
Si les cuves ne sont pas vides pendant la simulation, la capacité de stockage choisie équilibre le système. Si les cuves sont vides à une des étapes de la simulation, la capacité de stockage ne suffit pas.
Quand le volume de demande est plus grand que l'offre, aucune capacité de stockage ne permettra d'équilibrer le système. Il faudra alors :
Pour trouver la capacité de stockage optimale, on augmente ou diminue la capacité de stockage jusqu'à trouver la plus petite capacité de stockage qui n'est jamais à sec.
Pour faire le dimensionnement le plus précis, on choisira des jeux de données plus précis. Par exemple, des données de pluviométrie et de demande quotidiennes ou horaires.
Il existe d'autres méthodes de dimensionnement. Certains installateurs recommandent par exemple de choisir comme volume de stockage la moyenne entre le plus gros mois de demande et d'offre afin d'avoir des cuves permettant de contenir 1 peu plus d'un mois d'eau. Ces solutions ont le mérite d'être simple mais sont approximatives.
Une fois le volume de stockage identifié, il est temps de choisir la cuve parmi les différents type de cuves de récupération d'eau de pluie disponibles sur le marché. Selon l'usage souhaité, certains modèles seront plus adaptés que d'autres.
L'emplacement idéal pour la cuve est celui qui combinera au mieux facilité d'installation et d'entretien et protection du système à la température, aux intempéries.
L'installation d'un système de collecte d'eau consiste au terrassement nécessaire, au raccordement des cuves à la maison, à la signalisation du réseau, et à la déclaration à la mairie.
Il s’agit avant tout de signaler le plus clairement possible lorsque de l’eau de pluie non potabilisée est utilisée à l’intérieur d’un domicile. Pour cela, une plaque de signalisation indiquant « eau non-potable » accompagnée d’un pictogramme explicite doit être installé à côté de chaque point d’eau distribuant cette eau. Ces mêmes robinets doivent également pouvoir être verrouillés à tout moment grâce, par exemple, une clé à molette.
Tous les six mois, il faut vérifier la propreté des équipements de récupération et de distribution d’eau de pluie. Le propriétaire doit s’assurer que la signalétique indiquant l’accès a de l’eau non-potable soit toujours lisible. Il est aussi nécessaire de vérifier qu’il n’y ait aucune connexion entre les réseaux de distribution d’eau potable et d’eau non-potable. Chaque année, le propriétaire de l’équipement doit lui-même (ou déléguer à une entreprise), le nettoyage des filtres et de la vidange de la cuve de stockage. Mais aussi, vérifier le bon fonctionnement des vannes et des robinets de distribution de l’eau de pluie.
Il est obligatoire de tenir un carnet d’entretien contenant les inspections semestrielles et annuelles. Un agent technique du réseau d’eau potable de la municipalité peut venir contrôler un système de récupération des eaux de pluie. Les frais de contrôle seront à la charge du propriétaire. En cas de risque de contamination du réseau d’eau potable, le propriétaire devra réaliser les travaux recommandés par l’agent technique. Si le propriétaire refuse, le maire de la commune peut ordonner la fermeture de votre réseau de distribution d’eau de pluie.
N’hésitez pas à vous lancer et faire un geste pour l’environnement ! Eau Douce peut vous accompagner au quotidien grâce à des informations précieuses sur le volume d’eau de pluie que vous pouvez collecter dans votre zone géographique, mais aussi sur les dimensions idéales de la cuve pour votre logement.
Déterminez votre potentiel de récupération de l'eau de pluie et dimensionnez votre système.